Parmi les rayonnages aux couvertures nébuleuses s’impriment les milles rouages du temps. Reliques à qui l’usure fait naufrage, il sillonne cet hôte farouche, se fait agile entre les racines qui arpentent la terre argileuse.

Mémoire mémoire, fleur si vite désséchée, flamme qui vacille dans son tombeau millénaire
tant que Capricorne le désire, puisses-tu faire transcender ton feu par delà les Lunes à venir.

— Alastaïr n’oublie jamais les visages, les noms ni les pratiques. Soufflant sur les pages blanches l’encre de ses souvenirs, elle s’écoule dans ses vieux grimoires à la reliure cuivrée, archivant chaque passage de sa vie avec précision. Bien souvent, il ne lui faut aucun effort pour se remémorer, et encore moins pour analyser les esquisses ornant sa vaste constellation interne. Pied à terre, l’esprit solide; Le gardien s’immole dans les affirmations du présent tout en renaissant par le biais de ses réminiscences d’Antan. A ne plus rien oublier, il lui arrive bien trop souvent de s’immerger dangereusement dans sa nostalgie, se terrant sous des montagnes de ‘et si’ et ‘si seulement’. Douloureuse affliction que d’être trop conscient de soi-même ou même des autres, il s’occupe, muselle le venin qui rampe sous sa peau de craie en l’étouffant d’autres connaissances parfois on ne peut plus superficielles.

-- de toute façon, Capricorne le lui a toujours fait savoir. Il ne doit jamais se reposer sur ses acquis. Son brasier risque de s’éteindre si la paresse lui fait front, le rendant déjà faible, puis malade et enfin inerte. Alastaïr sait donc qu’il doit toujours s’armer d’un esprit curieux, préposé à découvrir toute chose sans y atteler un jugement. C’est d’ailleurs un domaine dans lequel il est fort habile, ne présentant pour le moment aucune barrière même pour les découvertes ou propositions audacieuses.

Le gardien du temple, peut-être car il est l’un des premiers gardien de sa maison à voir le jour, possède déjà une grande variété de connaissances. Il a aussi l’apprentissage très facile, même si ses souvenirs peuvent luire sous de fausses lumières. Alastaïr le sait; Il ne possède aucune vérité. Juste des brides de mémoire malmenées par sa subjectivité.

« Il ne fait que de se parer d’humbles sourires, ce jeune homme à l’indolence cristalline. »

Peu de mots parviennent à le décrire, au grand mal de celles et ceux qui ont le désir de le côtoyer. Alastaïr, au maintien fier mais au masque si tendre; La brume frôle sans cesse ses iris à l'améthyste limpide, pointant son espièglerie latente sous ses couverts nonchalant. Il s’amuse sans cesse de l’univers dans lequel il a éclot, s’y penchant pour l’enlacer dans ses bras de marbre afin de le préserver de son propre malheur. Amoureux du chant du rossignol, amant des vents réchauffés par l’été, il vit, se berçant de fleurs et de rires. Rien ne semble l’embêter, ni même abîmer la carapace d’asphalte s’enroulant autours de sa peau de chagrin. Le soleil brode ses lèvres caressées par la lune, sempiternelle prison où se confronte ses idées muettes, fébrile muret qui s’étiole au fil du temps. Ni martyr ni complètement geôlier de ses propres émotions, ses secrets lui appartiennent, tout comme ses envies à la coquille vide. Le gardien se tourne vers les autres aussi simplement qu’il respire, se plongeant dans les relations pour esquiver sa noyade interne.

— Car toujours, il tend sa main ouverte vers les âmes qui lui miroitent autours. Instinctivement, comme si la moindre parcelle d’âme était un bout égaré de la sienne. Incompréhensible Alastaïr, toujours réfugié sous ses propos alambiqués malgré la patience qui réchauffe ses visages. Sa douceur est un attrait impeccable, alors que ses réponses suintent parfois de l’impertinence de jeunes gens n’ayant rien vécu. Il est ainsi, prompt à taquiner, à sourire de bon coeur pour mieux se faire à votre écoute ensuite. Sa vivacité d’esprit y est surement pour quelque chose, tout comme pour le fait qu’il s’incline sans cesse face à sa curiosité maladive. Que ce soit par contrainte ( cher Capricorne a la dent dure ) ou par volonté, son attrait pour l’apprentissage n’est pas quelque chose de discutable. Il dévore livres et ouvrages, chaque caractère s’imprimant en lui aussi précisément que possible. Cette grande accumulation est capable de lui donner une expertise minutieuse, bien qu’il est parfois un peu compliqué de ne pas s’emmêler en passant au travers de tous ces fils conducteurs. C’est aussi pour ça qu’il est celui qui prend son temps, que ce soit par philosophie de vie ou bien car il a le goût de trouver la vie actuelle bien trop crue et rapide.
et oh, quelle joie que d’être un spectateur de la Vie.


— Bon orateur et grand bavard.
— Ses manières sibyllines ne cessent de croître avec les années qui passent.
— Il laisse consciemment pressentir qu'il ' en sait plus que ce qu'il dit'.
— Il est particulièrement discret quand à son opinion sur les terriens. Il affirme modestement qu’il est là pour être un ‘protecteur’ et non pour être un ‘chasseur de gibier’.
— Dans ses vêtements se mélangent l’odeur des plantes, du tabac et de l’encens.
— Tabac qu’il fume d’ailleurs dans une pipe très longue et fine une fois qu’il se retrouve en tête à tête avec ses pensées.

“Je voudrais que tu te souviennes de moi. Je voudrais que tu n'oublies jamais que j'ai existé et que je me suis trouvée ainsi à tes côtés. Je t’en prie Orion, fais le pour moi. Ca me fait trop peur de disparaître un jour et de me dire que, probablement, le monde viendra progressivement à m’oublier. Je trouve ça encore plus terrifiant que la mort.”

Elle rampe encore dans les tréfonds de son mal, cette bête du Gévaudan immonde.
Cette promesse se scellant en même temps que sa repentance.
Dieu seul sait à quel point il aurait voulu l’oublier cette douleur intestine.




— Etant l'un des premiers gardien Capricorne à voir le jour, il a vécu parmi les Hommes pendant presque un an avant de s’exiler pour devenir le gardien du temple de Ying. Il entretient méticuleusement ‘les jardins’ tout autours du bâtiment, faisant pousser de très jolies fleurs lorsque les saisons estivales reviennent. Sinon, il s’occupe des visiteurs et de la surveillance, tant et si bien qu’on a tendance à le prendre pour l’un des prêtres.
— Oiseau de nuit, il rôde souvent dans les alentours du temple pour y garder un oeil lorsque le rideau tombe. Armée de sa très grande canne ou il y accroche une petite lanterne à la flamme capricieuse, il pourfend l’obscurité d’une marche lourde, inquisiteur des abysses.
—  Alastaïr était conteur dans les premiers temps de sa vie. Ses récits touchaient particulièrement les jeunes enfants, mais vivifiaient aussi les adultes les plus curieux.
— Il accompagne très souvent les gardiens nouveaux-nés dans leurs premiers jours. Il fait office de tuteur, mais tout particulièrement de protecteur.
—  Il est le ‘gardien des fleurs’, ou plus anciennement ‘Orion, le conteur blanc’.