ATTRACTION Dans ses yeux pleins d'amour se délectent quelques tendresses qui transpercent les cœurs. Des douceurs qui amusent l'estime et le confort, qui massacrent le libre-arbitre. Elle embrasse autour d'elle les sentiments, les embrase de passion. Tout d'elle devient un poème, de son rire à ses lèvres et des courbes de ses hanches, ses cheveux levés par la brise. Son odeur est brume parfumée aux narines, comme les fleurs qui éclosent sur la terrasse. Mordred est éclat ; perfection ; et l'illusion mord fort.

Mordred vous aime, cela sonne comme une certitude, cet amour rend aveugle et obsédé, il rend avare. Elle devrait être exclusive, et qu'elle ne le soit pas rend fou.

Mais Mordred souffre de devoir tant être désirée, il lui faut toujours plus, pour elle seule, il lui faut le monde qui brûle de l'admirer. Sans quoi elle dépérit, perd en énergie et en joie. A contrario, plus elle est adorée, plus elle déborde de rage de vivre et de vaincre, plus elle est puissante et invincible.

DAHLIAS Mordred a l'âme tempêtueuse mais une voix de velours, sans cesse tiraillée de combats intérieurs sublimés des tendresses extérieures. Maîtresse de ses émotions ardentes, les plaies de son coeur à vif cachées sous des bouquets d'anémones. Contre le cynisme duquel elle est proie, Mordred brandit un faux optimisme pour oublier les béances, les tristesses creuses et sans aucun sens de son existence. Hellébores de son monde intérieur, elle confronte et se heurte à ses propres doutes et angoisses, et à voir le monde lui tourner le dos, elle s'affaisse plutôt que de se battre.

Mordred se rassure aux jacinthes de son jardin et espère aux meilleurs lendemains. Elle aspire aux roses et aux camélias, à la beauté d'un monde où Amours et merveilles seraient maîtresses des lieux, invincibles Déesses qu'aucune ombre ne pourrait teinter. Mais Mordred se leurre et de sa frustration naît sa colère, comme une brûlure, le feu aux pétales et aux branches, sa fureur muette et tapie quelque part derrière les armes dans ses yeux.

Pour ne jamais flétrir, Mordred promet des pivoines et des tulipes, amuse l'Amour et le prêche pour tous, pour toujours. Elle aime sans artifices et de tendresses inconditionnelles, elle aime car elle est tombée amoureuse des autres, et donne à n'en jamais finir. Mais les jardins de Mordred sont parsemés de violettes secrètes et timides, et derrière tous les tournesols accrochés à ses sourires, derrière toute sa lumière et sa joie, se cache trop de chrysanthèmes fanés qu'elle ne parvient jamais à livrer.

Mordred, telle un gardénia, vagabonde au bord des lèvres et des yeux, devient avide et avare de regards et de de désirs, car les seuls maux qui la fanent sont ceux qui l'affament d'amour et de chaleur.


Raffinée, sensible, douce, aimante, généreuse, dévouée, sincère, pure de toute mauvaise intention, calme, bienveillante, indulgente, jalouse, rancunière, rancœurs muettes, dépendante, avare, fragile, lâche, immature.

Ils ont posé un drap sur mes épaules nues. J'ai regardé mes mains et me suis sentie fragile. Je me suis drapée de silence et, dans le chaleur, mon cœur trop lourd s'est endormi.

Dehors le monde était beau, mais je m'y sentais frêle. Dans la foule que je traversais un murmure a peint quelques couleurs pastels au bord de mes joues. Elles chatouillaient des émotions tendres, ça caressait ma peau qui de froide est devenue tiède. J'ai vu les regards et les sourires, les premiers rires des Hommes m'ont fait rougir. J'ai vu le monde grandir et s'épanouir, j'ai vu des âmes fleurir au carrefour de nos souvenirs. Je suis tombée amoureuse des Autres.

A la terrasse parfumée je m'étais arrêtée. Les pétales et les branches des rosiers m'ont attirée, hypnotisée par leur beauté j'étais figée, et à la porte une dame avait élevé sa voix douce pour me dire bonjour. C'était si beau, et simple, Bonjour, juste comme ça. Levant les yeux et rendue muette, je m'étais vue incapable de répondre.

Leur langage était complexe, et je n'avais pas tout appris. Ou peut-être avais-je oublié ; les mots je les connaissais, ils ne parvenaient pas à sortir. J'avais répété, parce que c'était plus facile. Bonjour, et j'avais souri.

J'y étais retournée, et plusieurs jours mon air perdu, déboussolée, avait flotté autour de la terrasses aux fleurs. J'aimais l'odeur des rosiers, et du thé qu'elle préparait dans l'arrière-boutique. Parfois il y avait Roman qui passait l'entrée. Lui aussi il disait Bonjour puis disparaissait en haut des escaliers. Marnie m'avait appris à parler avec les mots qui ne sortaient pas. Elle disait Bonjour tous les matins.

Puis j'ai commencé à dire Bonjour, moi aussi, à tous ceux qui passaient l'entrée, à tous les Autres que j'aimais tant, qui ressortaient avec un bouquet.


— Elle naît dans son sanctuaire.
— Elle fait la rencontre de Marnie, une fleuriste, qui l'accueille chez elle.
— Elle lui apprend quelques civilités (le langage, l'étiquette, ...).
— Marnie a un fils du nom de Roman.
— Mordred aide à la boutique qui essuie un succès croissant depuis son arrivée.
— Elle retourne souvent au sanctuaire mais elle loge chez Marnie.