Liquid Neon
L’encre, l’eau, la peinture…le sang… toute substance liquide passible de rencontrer tes mains se mettront à briller sous ton touché, un simple contact avec ta peau suffit à les rendre luminescents, à leur donner des couleurs vives, éclatantes. Tels des néons sous un black-light elles éclaireront la noirceur qui t’entoure pour y remettre un peu de vie.
Il y a cependant des conditions à remplir pour que celles-ci soient visibles sous cette nature aux yeux de tous. Premièrement, tu dois être en présence d’un manque de lumière, du noir, des ténèbres, sans quoi, cette fluorescence que tu aime tant restera invisible.
Deuxièmement, tu dois faire part d’une certaine concentration qui varie selon la quantité de liquide à illuminer. Une simple goutte ne te demandera aucune concentration ou énergie particulière, mais une bouteille, un bol ou encore un sceau t’en demanderont d’avantage. La plus grande surface que tu n’aies jamais fait briller est une petite piscine, voir un bain tourbillon, tu n’es pas assez stupide pour t’attaquer à plus grand.  

Troisièmement… ce n’est pas réellement une condition, mais plus une conséquence. Si tu cherches à illuminer une trop grande quantité de liquide ou si tu utilise ton pouvoir à trop de reprises consécutives, tu perdras peu à peu ta faculté de voir la lumière, la vie s’éteignant graduellement autour de toi jusqu’à ce que le noir total t’enveloppe et que tu n’y vois plus rien.

Bien sur, les choses se corrigeront, à moins que tu essaie de réutiliser ton pouvoir malgré ta condition non-voyante, ce qui pourrait entrainer des conséquences permanentes sur ta vue… et ta vie.

Tu es une personne simple, du moins tu essaie de l’être. Tu n’aime pas te casser la tête ou faire semblant d’être ce que tu n’es pas. Tu es une sans famille, sans amis, sans attaches. Tu es volage et libre, du moins c’est l’impression que tu as de ta vie. T’attacher aux gens signifie pour toi de t’exposer, de te rendre vulnérable et de courir la chance que l’on te déçoive, que l’on abuse de tes sentiments ou que l’on te blesse, c’est pourquoi tu préfère te tenir loin des gens et ne t’ouvrir qu’en présence des personnes qui comptent vraiment dans ta vie, ces personnes inexistantes qui croiseront peut être ton chemin un jour. Tu es orpheline, tu n’as jamais vraiment eu de famille sur qui compter. Tu as vite appris à te débrouiller toute seule, tu n’as besoin de personne...du moins c’est ce que tu te force à croire.

Têtue, tu en fais souvent à ta tête, quitte à avoir tord et à te planter. Tu es cependant un peu orgueilleuse et as du mal a admettre tes fautes. Tu es une artiste dans l’âme, tu vis pour ton art et ton art te fait vivre, littéralement. Dans chaque œuvre tu laisse une partie de toi, de ton âme et de ta passion. Tu ne fais jamais les choses à moitié et tu as mauvais caractère, mais tu le sais.

Tu es une anti-héroïne, tu veux faire régner l’ordre, mais à ta façon et avec tes propres méthodes. L’autorité te rebute, les règles te dégoûtent, mais ça ne t’empêche pas de te balader le soir et de foutre une raclée a ceux qui vont à l’encontre de ce que tu considère comme un sens moral.

Derrière ton masque se cache pourtant une jeune femme fragile qui a désespérément besoin que quelqu’un s’occupe d’elle, que quelqu’un s’intéresse à ce qu’elle fait. Que quelqu’un s’inquiète pour elle, pour toutes les conneries qu’elle peut faire, pour toutes ces fois où elle se met en danger stupidement, pour une œuvre ou pour régler le cas de quelqu’un.
Tu laisses ta trace partout ou tu passe, ta signature, douce lueur dans la nuit noire, rappel que tu n’es jamais bien loin.

Une famille ? Tu n’en as pas. Tu es parmi ces enfants qui n’ont personne pour prendre soin d’eux, pour être présents pour eux. Tu as grandis dans un orphelinat du quel tu as fugué plusieurs fois, mais au quel tu as été ramenée chaque fois. Tu as toujours vu cet endroit comme une prison, comme le pire endroit au monde, même la Terre semblait pour toi un endroit moins menaçant, tu aurais tout donné pour en partir. Chaque fois qu’il y avait adoption, on t’examinait, on te parlait, mais jamais on ne te choisissait. Tu avais mauvaise réputation, tu étais cette gamine qui tire les cheveux des autres filles, qui mord les garçons et qui lance des objets à travers la pièce.

Tu étais toujours seule, personne ne voulait jouer avec toi, tu leur faisais peur, puis en vieillissant, ils te jugeaient, riaient dans ton dos, jouaient les hypocrites devant toi.
Tu as enfin quitté cet enfer à tes 16 ans, fuguant pour la dernière fois. C’est à ce moment dans ta vie que tu croisas le chemin de Katryn, une femme d’une trentaine d’année qui n’avait jamais réussit à avoir des enfants, une femme tout aussi seule que toi, tout aussi désespérément en manque d’amour et d’affection. Il faut croire que c’est le destin qui vous avait réunit. Tu étais entrée par infraction dans sa boutique de tatouage, histoire de te réchauffer et de te cacher de l’orage qui grondait à l’extérieur. Tu croyais que personne ne remarquerait ta présence, que personne ne te trouverait là, mais une alarme silencieuse s’était déclenchée et Katryn ainsi que la police avaient été avisés de l’intrusion.
Heureusement pour toi, c’est Katryn qui arriva la première. Elle avait du lire en toi comme dans un livre ouvert, car lorsque les policiers étaient arrivés sur place, elle les avait renvoyés en prétextant une porte mal verrouillée et un coup de vent ou un animal errant.
Katryn déposait une demande d’adoption à ton nom dans le mois suivant, devenant ta tutrice légale, ton amie, ta « mère ». C’est elle qui te t’appris l’art du tatouage lorsqu’elle vit des esquisses que tu avais laissées traîner dans l’arrière boutique. Tu as un don, c’est ce qu’elle t’a toujours dit.

Mais aujourd’hui, Katryn n’est plus là. Tout ce qui te reste d’elle, c’est la boutique et ton métier de tatoueuse. Elle t’a communiqué tout son savoir avant de s’éteindre suite à des complications post opératoire. Elle s’est trouvée au mauvais endroit et au mauvais moment, en résultant une balle perdue et une intervention d’urgence. Tu te souviens encore du sang sur tes vêtements, sur tes mains, sur elle. Tu te souviens de la panique, de la lumière qui s’était rependue par elle-même sur vous, conséquence des pressions faites par tes mains sur l’entrée de la balle. Tu se souviendras toujours de son dernier regard, ses derniers mots, de la dernière fois que sa main a touchée ta joue.

Tu avais 19 ans. C’est a ce moment que tu as hérité du salon de tatouage et des possessions de Katryn, au grand déplaisir de sa famille qui ne t’avait jamais considérée des leurs. C’est aussi à ce moment que ta soif de vengeance et ta colère te poussèrent à commencer à t’entrainer et a suivre des cours d’auto défense. Si tu l’avais fait plus tôt, tu aurais peut être pu la sauver. C’est de ta faute si elle est partie, du moins c’est ce qui s’est encré dans ta tête, te poussant à te dépasser encore et encore. Aujourd’hui tu es tatoueuse, tu décores les murs de la ville de tes œuvres et tu remets à leur place ceux qui en ont besoin une fois le soir venu. Pour le reste, c’est à un grand point mort.