Est ce que vous connaissez le lion de Némée ? Non? Créature mythologique qui ravagea des régions entières, dévorant les animaux et les hommes. Bête invulnérable qui donna bien du mal aux héros. Sa peau faisant rebondir les flèches et brisant les épées et les masses.

Et bien tu es semblable à ce monstre. Tu es littéralement incassable. Tu es littéralement invulnérable aux attaques physiques. Aucune lames, balles, griffes, crocs, flammes ne peut transpercer ta peau bleutée. Défense ultime n’est ce pas ? Te voilà plus résistance, plus endurcie, plus puissante. Et c’est bien pratique pour atteindre tes buts et survivre sur Terre; n’est ce pas?  

Tu es si bien protégée, pourtant ta peau ne peut te sauver des fumées toxiques d’un incendie ou d’un poison. Elle ne te sauvegarde pas non plus des maladies qui pourraient te ronger de l’intérieur. Et tu restes aussi sensible que n’importe qui aux dons psychiques. Sans oublier que tes yeux dorées peuvent bien se faire transpercer contre toute autre zone ne possédant pas un centimètre de cet épiderme bleuté.

Puis, comme c’est un bon passif, que tu n’as aucun contrôle sur lui, il te condamne aussi. Si par un quelconque malheur tu méritais d’être opérée, aucun bistouri, aucun chirurgien ne pourrait te sauver car ta peau te protégerait toujours.

Ton don est donc autant une bénédiction qu’une malédiction.

La corruption ne semble pas s’arrêter à ta peau bleue. Non, elle coule dans tes veines, elle a marqué ton esprit. Tu es une digne enfant de Yang. Une fidèle des plus fervente. Persuadée que le monde devrait prendre sa véritable forme sous le gouvernement de la sombre divinité. Un monde pour les forts. Un monde pour les survivants, ceux qui avaient les tripes de s’accrocher, de trahir, de ramper. Des gens capables de tout.  Prête à sacrifier ton propre sang, ta propre personne pour lui. Tu es montée sur Ariesten pour apprendre à ces insectes qui croient en Ying, qu’il n’y a qu’un seul nom qu’ils devraient vénérer. D’autant plus que pour toi, le peuple de l’île ne sont que des faibles. Des faiblards qui vont devoir affronter ta colère. Cela fait de toi une personne dure et sans pitié, pour toi mieux vaut supprimer les faibles. C’est presque miséricordieux, non? A quoi bon les laisser dans ce monde cruel s’ils ne se donnent pas les moyens de survivre? Tu n’hésites pas à leur faire mal pour qu’ils comprennent, pour les renforcer, les achever ou qu’ils stoppent tout d’eux même. Sadique ? Tu l’es. Tu savoures la douleur des autres comme si elle te permettait d’oublier la tienne… à moins que tu y prennes juste du plaisir?

Aux yeux des autres, tu dois être qu’une boule de haine et de colère. Ca ne serait pas complètement faux, sauf que tu es plus complexe que cela. Tu ne peux pas être réduite à ça. Il y a une multitude de sentiments qui étreignent ton coeur. C’est juste que ces deux là sont beaucoup plus visibles. Il ne faut pas te connaître personnellement pour réussir à les deviner. Après tout, tu ne les caches pas. D’autant plus, que tu es une personne assez sanguine.Tu ne tentes pas de garder ton calme sauf lors de tes “missions”. Et là, c’est un changement complet. Autoritaire, consciencieuse, observatrice et tu révèles même un certain esprit de leadership. Faut dire que tu n’aimes pas être celle qui reçoit des ordres. Trop attachée à ton indépendance? Trop impulsive? Un problème avec l’autorité? Un mélange de tout ça?

Après, il ne faut pas croire que tu es en colère à chaque instant de ta vie, loin de la même. Le reste du temps, face au monde extérieur, tu te montres froide et hautaine. Tu les regardes, tes yeux emplis de mépris et tes lèvres pulpeuses formant une petite moue dégoûtée. Tu n’es pas la personne la plus appréciée, mais tu t’en fiches. Ils t’indiffèrent si tu ne les méprises pas ou ne les utilises pas. Rares sont les gens qui méritent ton respect, encore plus rares ceux que tu aimes. Ils se comptent sur les doigts d’une main. Ils sont ta famille, peut être pas de sang et de chaire, mais ils sont tiens. Avec eux, tu te montres possessive, jalouse, taquine, tactile et même maternelle pour les plus jeunes.

Têtue, tu restes camper sur tes positions et il serait très difficile de te faire changer d’avis. Certains te qualifieraient donc d’idiote, mais tu les ignores. Tu te fiches de ce qu’ils pensent de toi. Les seuls comptant étant ta “famille” et encore. Ils devront bien te prendre comme tu es s’ils t’aiment vraiment autant que toi tu les aimes. Tu n’es pas une personne des plus bavardes, mais tu n’es pas non plus complètement muette, lâchant quelques piques ou remarques bien senties. Il t’arrive même de rire, pas d’un rire machiavélique ou sadique, mais d’un vrai rire joyeux, heureux mais celui-ci se fait rare désormais.

Impudique et passionnée, tu n’hésites pas à séduire les hommes comme les femmes pour satisfaire tes besoins. Sauf, que tu es telle une mante religieuse, tes amants ne durent jamais très longtemps avec toi. Et si ce n’est pas toi qui en finit avec eux, une certaine personne risque de s’en charger.

Tu ne supportes pas les enfants. Ils sont un cauchemar et un rêve lointain. Tu ne les comprends pas. Tu ne t’approches pas d’eux de peur de les voir se volatiliser… ou de bien as tu peur de vouloir les faire disparaître ? Ils sont si faibles… Si petits… Tu pourrais si facilement les achever. De sombres pensées te hantent quand tu penses à eux. Pourtant, tu as bien su t’approcher de certains, au point d’en avoir fait ta famille, mais ils sont désormais grands. Ils ne sont plus fragiles.Tu n’as pas à t’inquiéter.

Les voiles rouges. Une odeur épicée. Une ambiance tamisée. Les rires. La chaleur. Les gémissements. Les femmes dévêtues. Un gros homme aux mains baladeuses. Les cris. La chaleur à nouveau. Des pleurs discrets. Une odeur musquée. Une bourse bien remplie. Des corps nus. Des soupirs d’extase. Une main qui t’attrape et te tire en arrière, avant de te pousser sur les autres gamins. Ta place n’est pas ici! Le regard méprisant de ta génitrice. Une porte qui claque. Les ténèbres. Ce n’est pas aujourd’hui que tu pourras sortir.

Des rues sales, jonchées de déchets, excréments. Tes petits pieds nus courent à même le sol terreux. Tu ne prêtes pas attention à ton environnement. Les chemins tortueux du bidonville sont ta maison désormais. La poussière s’élève et te donne envie de tousser. Tu ne dois pas. Il faut rester cacher maintenant. S’ils t’attrapent ils trouveront un moyen de te faire du mal. Tu ignores le rat qui vient gratouiller ta peau. ils ne te font pas peur. Il ne pourra pas te ronger. Un bruit de course qui s’éloigne, te voilà sauve. Tu retournes vers ta cachette, tenant précieusement quelques fruits pour ton ami et toi.

Un cri. Une douleure affreuse. La peur. Tu as mal. Tu souffres. Tu ne comprends pas, tu ne connais pas la douleur. Le sang sur le sol et sur tes jambes. Qu’est ce qui se passe? Ton coeur tambourine. Tu ouvres la bouche. Tu hurles. Un appel à l’aide désespéré. Pitié que quelqu’un t’aide. Puis un visage inquiet. CALYPSO! Et enfin les ténèbres salvatrices.

Le soleil bien trop lumineux. La chaleur. Tu restes cacher derrière la porte. Tu ne peux pas t’approcher. Tu ne veux pas être proche de ça. Tu n’en veux pas. Pourquoi est-il là? Pourquoi s’en occupe-t-il? Alors, tu t’enfuies. Tu détestes ça. Et toujours ce pourquoi sans réponse. Tu préfères t’occuper des gamins doués que tu as trouvé.

Ca. Ca ne respire plus. Ca ne bouge plus. Ca ne parle plus. Ca ne te sourit plus. Ca… tu trembles. Bon débarras ! Tu n’en voulais pas. Ca n’aurait jamais dû exister. Une goutte. Puis une seconde. Qu’est ce que ? Le ciel est pourtant aussi bleu que ta peau! Une troisième. Que ? Ta vision se brouille. Des larmes?

Et voilà une nouvelle décennie. Ca fait longtemps que tu es une “adulte”. Depuis que tu as fui le bordel? Depuis que tu vis dans la rue? Depuis ça? Un mélange de tout? Ta main touche ton ventre et une grimace déforme ton visage. Plus jamais tu ne serais faible. Tu serais celle qui écrase les insectes. Plus jamais la douleur.

Les nuages. Le soleil. Des fleurs des champs. La terre fertile sous tes pieds. Au loin, des bâtiments qui se dressent vers le ciel comme pour se hisser à la hauteur des divinités. Tout est beau. Tout à l’air si accueillant. Les gens aimeraient vivre ici. Pas toi. Ici, ça pue la faiblesse à plein nez.